Carnet de route

2025 Mars - Rando géologie et histoire à Albon

Le 29/03/2025 par Marcel B.

RANDO DECOUVERTE A LA TOUR D’ALBON ET VALLEE DU BANCEL

La rando de la vallée du Bancel à la tour d’Albon est l’occasion d’évoquer à la fois l’importance historique de cette tour et la géologie du bassin dauphinois.

Bref historique

Les fouilles archéologiques  dans les années 2000 ont mis en évidence le rôle important de la motte d’Albon avec tour du IX au XIVème siècle.

Le village de St Romain  d’Albon (Albon) est bien connu par le concile  d’Epaone (Albon) en 517  qui réunit une trentaine  d’évêques. En plus de ses 40 « canons » sur la discipline ecclésiastique il fut décidé d’interdire la séparation de la mère et de son enfant  ainsi  que la vente séparée de la famille parmi les esclaves.

Le déplacement du village sur la Motte à partir du IX au XIVème siècle,  en créant un site fortifié avec chapelle et bâtiment castral a permis aux Comtes d’Albon d’acquérir un territoire qui va de la Provence à la Bourgogne en passant par-delà les Alpes.

Ce territoire donné  en apanage au Dauphin du Roi de France est ainsi devenu le DAUPHINE.

Au cours de la rando, nous passons au pied des ruines du château de Mantaille qui domine le Bancel du sommet de son éperon de protection. Ce château résidence de plaisirs des comtes et des Evêques fut le lieu des plus importantes  décisions concernant ce territoire; mais la brouille entre eux amena l’Evêque de Vienne à attaquer et incendier le château avec toute sa garnison en 1404 (la mémoire locale laisse entendre qu’un paysan en labourant en 1900 à l’intérieur de l’enceinte de château en retira deux tombereaux d’ossements).

Un brin de géologie

De la tour, le contraste est saisissant entre les roches cristallines de l’Ardèche, le Rhône qui serpente à ses pieds et la plaine sédimentaire qui s’étale de Vienne à Valence et se termine en pointe à Grenoble (Voreppe). C’est donc un immense cône de déjections qui a accumulé les sédiments des Alpes en formation depuis 40 millions d’années (ma) dans une mer peu profonde qui ceinturait l’arc alpin. Ce cône était alimenté par l’Isère aidée par la Romanche et le Drac qui capturait la Durance au col Bayard. Le Rhône s’est ainsi trouvé chassé vers le coté cristallin de l’Ardèche au fil des millions d’années. Certains des premiers glaciers, vers 2 millions d’années, ont même conduit le Rhône à venir faire des incursions au-delà de la colline du Châtelet à travers Saint-Désirat. Le rôle de collecteur du Rhône a conduit une partie de ces sédiments vers la Méditerranée, l’autre partie s’accumulant sur place  dans l’immense cône à la fois marin et fluvial avec des épaisseurs considérables (des kilomètres au niveau de Valence). Ces épaisseurs sont constituées de sable fin qui une fois consolidé par la compaction et le calcaire a fait la renommée des carrières de Château Neuf /Isère pour sa célèbre « mollasse »

Les glaciers n’ont pas été en reste au cours des deux derniers millions d’années en transportant  de gros galets des Alpes qui une fois déposés, ont étés repris par les torrents glacières au moment des débâcles. Il s’agit des quartzites.

Les variations considérables du niveau marin ont laissé de nombreuses traces dans la région. La plus importante est celle avec l’asséchement de la Méditerranée, il y a 5 ma, par la remontée de l’Afrique qui a fermé la communication avec l’Atlantique à Gibraltar. Le niveau ayant baissé de 1500 m a obligé le Rhône à en faire autant. Tous ses affluents ont suivi en incisant les différentes roches cristallines ou calcaires et créant ainsi les magnifiques gorges de l’Ardèche et du Verdon ainsi que  des petites rivières la Cance, l’Ay et le Doux. Notre petite rivière du Bancel en a fait autant en collectant par colluvion des versants les quartzites glacières qui lui permettent de s’enfouir profondément et le laisse apparaitre seulement au moment des gros orages.

Mais de petites variations du niveau marin ont ainsi permis la création de lagunes à évaporites qui ont laissé leurs traces dans la région. A Montchenu, par exemple, des dizaines de mètres de sel sont piégées par des couches de mollasse et de marnes qui ont permis de faire des réservoirs étanches de gaz domestique.

L’habitat traditionnel drômois a largement exploité ces ressources minérales quartzites et mollasse sur place pour en faire des habitations.

Marcel B.

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